Augustin
CARRERA

(1875 - 1952)

Né de parents français le 3 avril 1878 à Madrid, Augustin Carrera se montre doué pour le dessin dès son plus jeune âge et intègre très tôt les écoles d’art. Il étudie d’abord auprès d’Alphonse Moutte à Marseille puis devient l’élève de Léon Bonnat à l’école des Beaux-Arts de Paris. Boursier de la ville, Carrera figure parmi les sujets les plus brillants de l’atelier et se fait rapidement remarquer comme un artiste de talent.
 

Après son mariage, Augustin Carrera entre dans une période difficile. Il est alors avec sa femme dans une situation précaire et doit absolument gagner sa vie, ce qui ne lui fait pas renoncer à la peinture mais le pousse, au contraire, à dessiner avec un acharnement inédit. Dans les galeries et musées qu’il côtoie, Carrera observe et s’imprègne des œuvres de Cézanne, Gauguin ou encore Seurat. Cependant ce sont Degas, Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Monet et Pissaro qui auront la plus grande influence dans son travail. Le paysage prend alors une autre place dans les toiles de Carrera. Ces éléments qu’il considérait comme accessoires deviennent des sujets à part entière dans lesquels il laisse éclater la vivacité de sa palette, ce qui lui permet d’approcher la peinture d’une manière qui lui est alors tout à fait nouvelle.
 

Après avoir reçu sa seconde bourse quelques années plus tôt, en 1912 l’artiste bénéficie de la Bourse d’Indochine, qui marque un tournant dans son œuvre. Cette expérience donne naissance à de très belles toiles réalisées sur le continent asiatique. Carrera réside en Extrême-Orient durant huit mois et rapporte des compositions aux sujets inédits : des temples, des bords du fleuve rouge et des scènes de vie locale. Le roi du Cambodge lui confie alors la réalisation de panneaux monumentaux pour son palais, que l’artiste posera lors d’un autre voyage en 1928. En 1914, lorsque la guerre éclate, Augustin Carrera est mobilisé. Blessé puis convalescent dès 1916, il s’installe à Allauch. Lors d’un voyage en Espagne dans les années qui suivent, Carrera a une révélation lorsqu’il découvre les œuvres du Greco et de Velasquez. Il part alors s’installer à Paris, dans le quartier de Montparnasse, nouveau centre artistique européen qui vient de détrôner Montmartre. Contrairement aux habitants du quartier de cette époque, Carrera est un homme sobre, souvent vêtu de gris. Les relations de l’artiste avec l’homme politique, collectionneur et ami des peintres, Albert Sarraut, s’intensifient.

Dès 1910, l’homme d’État a noté l’importance des œuvres de Carrera et n’a pas hésité à le faire figurer dans sa collection, parmi les plus grands, ce qui s’avéra très utile pour la carrière de l'artiste. Le peintre expose alors à l’occasion de nombreux Salons, notamment au Salon des Tuileries, au Salon des artistes français, au Salon des indépendants, au Musée des Arts Décoratifs, à la Triennale Quai Malaquais ou encore à l’Exposition Internationale de 1937 durant laquelle il reçoit une médaille d’or.
Le critique d’art François Thiébault-Sisson le suit assidument dans le journal « Le Temps » et lui permet d’affirmer sa notoriété, déjà acquise lors d’expositions à la galerie Druet mais également grâce à un contrat avec la galerie Georges Petit, qui lui donne l'opportunité d’exposer un de ses thèmes de prédilections : le nu féminin. Les œuvres de Carrera deviennent très prisées des collectionneurs et l’artiste obtient plusieurs commandes. Il réalise deux panneaux décoratifs pour le Ministère des Colonies, fortement influencés par son séjour en Indochine. Fasciné par le théâtre, il fréquente de nombreux établissements et se voit confier la réalisation des décors de l’Opéra de Marseille en 1924.


Très proche des peintres de l’école provençale, Carrera invite Hurard, Eichacker, De Groux, Audibert et Verdilhan à réaliser ces décors monumentaux à ses côtés. Carrera est sacré chevalier de la Légion d’honneur en 1920 et officier en 1928. Si le talent d’Augustin Carrera se déploie dans les paysages qu’il réalise dans le cadre de décors monumentaux et de ses commandes officielles, l’unicité de son art se révèle dans le nu féminin. Le peintre étudie assidûment le détail anatomique, qu’il retranscrit sur la toile avec attention tout en conférant une importance toute particulière à la lumière et à l’harmonie des tonalités. Les nus de Carrera ne sont pas sans rappeler la sensualité et l’érotisme de la sculpture. Leur modelé est révélé par la lumière, sculpté par le coloris gris des chairs et de la pâte dont l’ampleur attire et retient le regard. Antoine Bourdelle dira à son propos « Carrera a trouvé le moyen dans sa peinture d’assembler la hardiesse du coloris et l’exquise finesse de l’atmosphère. Marseillais vous avez un grand peintre ! Soignez le ! »

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