Du 3 mai 2024
au 1 juin 2024

Au sortir de la guerre, Picasso qui n’est déjà plus un jeune homme, s’apprête à plonger dans un grand bain de jouvence méditerranéen. 
En cet été 1946, au bras de Françoise Gilot, sa fraîche compagne, il parcourt avec un intérêt tout particulier l’exposition annuelle des potiers de Vallauris. 
Sur cette côte méridionale, terre d’élection où il décidera bientôt de passer la majeure partie de son âge mûr, la céramique l’appelle, impérieusement. Jusqu’alors, ce n’avaient été que de furtives oeillades : quelques expériences de jeunesse, des idées jaillies parmi tant d’autres de son esprit bouillonnant… 
Cependant, à la conjoncture de cet espace temps, à la croisée de cette période de sa vie et de sa présence sur cette terre archaïque où survivent les mythes, la céramique va s’imposer dans son oeuvre jusqu’à s’y inscrire dans la durée, pour devenir une part constitutive de son corpus artistique. 

Peintre, potier, Picasso est tout à la fois démiurge et simple ouvrier dans l’atelier du couple Ramié.  Il apprend de zéro, expérimente, se trompe, s’enivre de cette nouveauté, du compagnonnage laborieux qu’elle suppose et qui flatte l’adhésion aux valeurs communistes qu’il est en train d’épouser.
Chemin faisant, il régénère son art aux sources du primitivisme, exhume jusqu’aux strates les plus anciennes de l’histoire de l’art en invoquant la pratique de la terre modelée. 
Pour cette raison, l’expérience est plus sérieuse qu’il n’y parait. 
Picasso s’est toujours intéressé à l’art populaire. Il a aussi longtemps observé l’immense collection de céramique antique du Louvre et c’est probablement ainsi que la céramique lui est apparue comme étant un matériau particulièrement inspirant, notamment dans la mesure où il opère une fusion entre la fonction usuelle, utilitaire, des objets et leur dimension éminemment symbolique.

Une vague méditerranéenne, chargée des mythes séculaires et de la mémoire la plus ancienne des hommes, verse sur l’oeuvre de cette immense créateur du XXème siècle une inspiration nouvelle. Cet écho antique, qui s’incarne dans la céramique, est source de profonde régénération. 

Cette exposition présente une quarantaine de pièces en céramique interprétées par Picasso et qui sont le fruit de sa collaboration avec l’atelier Madoura.
Certaines sont des pièces uniques de l’artiste, d’autres ont été réalisées par les artisans de l’atelier, d’après les modèles conçus et peints par le maître.