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Octobre

2016








Le peintre David DELLEPIANE - Arts et Modernité

David Dellepiane, un artiste provençal surprenant

Exposition au Musée Regards de Provence du 7 octobre au 19 mars 2016 La famille du peintre David Dellepiane, originaire de Gênes, s’installe en 1875 à Marseille, dans le quartier Saint-Jean, qui accueille alors la plupart des immigrés. Le jeune-homme, issu d’une lignée d’artisans d’art, suit l’enseignement de l’Ecole des beaux-arts de la ville. Il complète ensuite quelques temps sa formation à Paris où, en cette fin de siècle, il fréquente l’atelier de Jules Chéret. Influencé par l’esthétique Art Nouveau et le japonisme, il leur emprunte une interprétation originale de la mise en page et du cadrage, qu’il mettra notamment en œuvre dans les nombreux projets publicitaires dont il est chargé, après son éclatante réalisation pour les fêtes commémoratives du 25ème centenaire de la fondation de Marseille, dont l’affiche incarnant le mythe de Gyptis et Protis, abondamment placardée sur les murs de la ville, marque pour plusieurs générations la mémoire des marseillais. Dellepiane sera par la suite chargé de réaliser les affiches pour les Expositions coloniales de 1906 et 1922, de promouvoir les liaisons des compagnies maritimes au départ de Marseille, la ligne de chemin de fer PLM, les syndicats d’initiative naissants…

D’abord de facture académique, la peinture de Dellepiane ne cesse d’évoluer. Il ne s’agit pas particulièrement d’une évolution chronologique, linéaire et bien établie, mais plutôt du résultat d’expériences, qui lui permettent d’intégrer à son œuvre, au gré de ses inspirations, des techniques qui sont dans l’air du temps et qu’il s’approprie sans difficulté.

Avec son ami Alfred Casile, il peint sur le motif, à la suite des peintres de l’Ecole de Marseille formés par Loubon. Mais il se distingue très vite d’eux par son éclectisme, la boulimie des sources qui le retiennent, la diversité des courants qui traversent son œuvre. Le peintre se laisse par exemple séduire par le rendu pointilliste, qu’il adapte dans une touche vibrante qui confère à ses compositions une sorte de flou accentuant la mise à distance du sujet. 

A Noël 1914, il a une révélation, et va faire du santon de crèche le motif sinon exclusif, tout au moins continu, de recherches formelles qui l’occuperont jusqu’à sa mort, en 1932. Derrière le choix de cet objet d’étude que l’on a volontiers associé au folklore provençal et à la nostalgie des Félibres, se cache en réalité une préoccupation résolument moderne : la quête très personnelle d’un artiste vers une forme d’abstraction du sujet, dont les modalités, longtemps incomprises, sont particulièrement intéressantes.

Dellepiane à l'affiche au musée Regards de Provence

Un pied dans la tradition, l’autre dans l’expérimentation, Dellepiane est un provençal singulier. A la frontière des arts décoratifs, son œuvre, protéiforme, est pourtant d’une grande cohérence et d’une égale sensibilité.
Cette exposition propose de la découvrir sous un angle nouveau : Dellepiane n’est pas plus l’affichiste de Marseille coloniale que le peintre des santons. Pas plus l’illustrateur de calendriers que le décorateur, que le portraitiste mondain. Il est simplement lui-même, c’est à dire tout cela à la fois.
Toiles, aquarelles, projets et affiches, près d’une centaine d’œuvres, provenant pour la plupart de collections privées, concourent ainsi à reconstituer le parcours d’un sincère aventurier de l’art, profondément attaché à Marseille et à la Provence.

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