Pierre - Auguste
RENOIR

(1841 - 1919)

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Oeuvre indisponible à la vente, elle a été proposée dans le cadre de l'exposition "EXPOSITION INAUGURALE AU PAVILLON DE LA REINE JEANNE"

Deux femmes dans le jardin de Cagnes, vers 1918

Huile sur toile, cachet de la signature en bas à gauche.
54.90 x 64.80 cm

 Provenance :  
Vente Drouot, Paris, 23 juin 1933, lot 75 
Vente Versailles, 22 novembre 1964, lot 67 
Vente Christie’s Londres, 6 décembre 1977, lot 14 
Collection particulière, Suisse 
Daniel B. Grossman, New-York 
Collection Joan B. Kroc, 1991 
Vente Christie’s Succession de Joan B. Kroc, 2 mai 2006, lot 9 
Collection particulière, Suisse   

Expositions :  
French paintings and sculptures, O’Hana Gallery,  Londres, juin-septembre 1964, n°55.   

Bibliographie : 
 L’atelier de Renoir, vol. 2, Editions Bernheim Jeune,  Paris, 1931, n°607 (ill. pl. 190)

 

AU JARDIN DE LA VIE

Au jardin de la vie, scintille la jeunesse en robe rose. C’est Andrée, sous son chapeau de paille fleuri, jeune et belle pour toujours au milieu des massifs. La sève des vieux jours du peintre, c’est sa chair blanche, ses cheveux roux, sa gaité de pinson et les heures passées à dessiner son corps. L’autre femme est probablement Madeleine Bruno, une jeune villageoise qui pose 
également pour le peintre à cette époque.
Même malade, cloué à un fauteuil, on sait bien que Renoir n’a pas renoncé aux pinceaux. Il souffre atrocement de rhumatismes et ses mains sont bandées mais il a toujours faim, de couleur et de vie, de chair et de beauté. Tant qu’on peint, c’est que l’on est vivant.
De sa douleur d’homme, les jardins luxuriants et les robes roses ne disent rien. Peut-être n’en auront-ils rien su? Ou bien ces paradis l’ont-ils gardée pour eux, bien enfouie sous les palmes, les ramures, cachée dans la touffeur, cette souffrance humaine qui n’est que passagère tandis qu’eux vivent 
éternellement, ces morceaux de lumière pris dans la toile.
On ne dirait jamais qu’il va mourir bientôt, que c’est l’un de ses derniers étés, que ses yeux vont se fermer sur les corps des Baigneuses, sur la douceur d’Andrée.

Toutes ces transparences, ces dessus et dessous de couleurs étirées, fondues dans la lumière d’un perpétuel été, construisent la cachette d’un bonheur capturé. 
Car ce qui plait à l’oeil ensoleille le coeur et, pour Renoir, il n’est rien comme le spectacle de la nature, sitôt qu’il est pourvu, et en fleurs et en femmes. Dans ce jardin où Andrée est sagement assise, veille la sensualité qui, toujours, a conduit les pinceaux de Renoir. Des fruits qu’on peut manger, une chair que l’on désire, des fleurs que l’on peut respirer.

Des modèles de femmes, Renoir en eut en nombre : Lise, Aline, Gabrielle, Nini… Andrée fut la dernière. Elle épousera en 1921 son fils Jean, qui en fera une actrice. 
Malgré la maladie, le peintre travailla donc jusqu’au bout de ses forces et la jeune-femme partagea souvent ces heures. « Andrée est l'un des éléments vivants qui aidèrent Renoir à fixer sur la toile le prodigieux cri d'amour de la fin de sa vie. » écrira Jean dans la publication de ses souvenirs.
Les Baigneuses de 1919, tableau-testament de l’artiste, est une ode à la sensualité de son corps. Dernière fleur de son jardin, Andrée promène pour l’éternité ses joues en feu sous les arbres des Collettes, dans le précieux été.