Maurice
DENIS

(1870 - 1943)

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Oeuvre indisponible à la vente, elle a été proposée dans le cadre de l'exposition "Salon du Dessin"

La Péri, étude. Projet pour le théâtre des Champs-Elysées, 1912

Fusain et pastel sur papier, signé et daté en bas à gauche "MAV.D.12", annoté "Th. des Ch. E." en bas à droite.
60.50 x 43 cm

Dessin préparatoire pour le panneau du Drame lyrique (décor de la frise de la coupole du Théâtre des Champs-Elysées, 1912).

Certificat d'authenticité établi par Madame Claire Denis.
 

Le décor de la frise de la coupole du Théâtre des Champs Elysées par Maurice Denis

En 1908, le financier féru d’art (et cousin de Berthe Morisot) Gabriel Thomas avait demandé à son ami Maurice Denis de réaliser un grand décor pour la salle à manger de sa demeure à Meudon. C’est ainsi que L’Eternel Printemps, un ensemble décoratif de dix panneaux peints représentant un jardin terrestre idéal peuplé de muses, avait vu le jour.
Quelques temps après cette commande, Gabriel Thomas sollicite à nouveau l’artiste dans le cadre d’un projet plus ambitieux. Il est en effet l’un des promoteurs du Théâtre des Champs-Elysées, un bâtiment audacieux et novateur, principalement en béton armé, dont la conception est assurée par les architectes Auguste et Gustave Perret. La salle est dominée par une grande coupole et Thomas souhaite confier le décor peint de cette dernière à Maurice Denis. 

Cette commande, qui sera achevée en 1912, représente près de 300m de murs incurvés à couvrir pour le peintre, une frise surmontée par un monumental lustre de la maison Baguès (en collaboration avec le ferronnier d’art Perrassy), qui joue aussi le rôle de piège acoustique.

La musique tient une importante place dans la vie de Maurice Denis (sa femme est musicienne et le couple s’entoure d’amis compositeurs et musiciens) et il va naturellement choisir d’illustrer en plusieurs tableaux une Histoire de la Musique.

Quatre thèmes sont représentés dans les écoinçons : l’Orgue, l’Orchestre, le Choeur et la Sonate
Quatre phrases illustrées les rejoignent : L’Orchestique grecque, L’Opéra, La Symphonie et Le Drame Lyrique, dans une idée de continuité musicale, reliant au passé le présent, la particularité de cette frise étant que Maurice Denis l’a conçue comme se lisant non pas dans un sens horizontal mais selon un plan cruciforme. 

Face au public, au dessus de la scène s’affiche : « Aux rythmes dionysiaques unissant la Parole d’Orphée, Apollon ordonne les jeux des Grâces et des Muses »; à gauche et à droite de la scène, on peut respectivement lire « Du cœur de l’Homme de toutes les voix de la nature jaillit la symphonie » et « L’Architecture de l’Opéra classique ennoblit les passions et les destins tragiques » tandis que, derrière le public, l’inscription suivante se découvre : « Sur les cimes dans l’angoisse et le rêve, drame lyrique ou poème, la Musique s’efforce vers un pur idéal ».
C’est de cette dernière illustration qu’est extrait notre personnage. Plus précisément, l’étude parvenue jusqu’à nous est l’un des personnages féminins présents au premier plan de cette composition.

Ce personnage a été identifié comme étant la ballerine Natacha Trouhanova, amie et modèle du peintre, dans son rôle de « La Péri » pour le ballet éponyme de Paul Dukas. 

"Une Péri, dont le modèle fut la Trouhanova, fait couler sur son torse des cascades de perles, équivalents graphiques des ruissellements de timbres rares, des sonorités scintillantes de Ravel et Debussy". (S. Barazzetti, Maurice Denis, Grasset, 1945, p.163-164).
Une péri désigne, dans les contes persans, un génie féminin chimérique, souvent ailé. 
Ici, Maurice Denis représente une personnage de chair et d’os, d’une féminité sensuelle, des filets de perles cascadant sur son dos nu.