Bernard
BUFFET

(1928 - 1999)

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Oeuvre indisponible à la vente

Rita Renoir, 1963

Technique mixte sur papier, signée en bas à droite
65.50 x 50 cm

Provenance
Collection privée, France
Galerie Hélène Bailly
Collection privée, France

Certificat d'authenticité établi par Ida Garnier et Céline Lévy

Cette œuvre a servi d'affiche et de couverture pour le programme de la Nuit du Cinéma en 1963.
 

Rita Renoir, au delà du strip-tease 
 

Vedette du Crazy-Horse, Rita Renoir fut l’une des plus célèbre strip-teaseuse françaises de l’après-guerre. Cependant, ses effeuillages n’avaient rien de comparable à ceux des pin-up américaines qui étaient alors en vogue, même s’ils en reprenaient certains codes. 

Avec les exhibitions de Rita Renoir, surnommée en son temps la « tragédienne du strip-tease », le public était en présence d’un véritable « happening », à la frontière du théâtre, de la danse, de la performance artistique, exaltant une puissance sexuelle et charnelle qui s’exprimait dans des scènes qui tenaient davantage du « rituel » que du numéro de strip-tease.

Rituel magique, rituel mystique, tenant presque du Vaudou; ou tout au moins d’une force créatrice puisée dans la nuit des temps, bousculant les certitudes et les conventions bourgeoises, chaque composition de Rita Renoir était bien plus qu’une mise à nu. 

Dans les années 1950-60, elle est de toutes les mondanités parisiennes, personnalité piquante que l’on s’enorgueillit de recevoir dans les cercles bourgeois comme on le ferait d’un artiste excentrique qui serait prié de ne pas se conformer aux règles de bienséance. 
En 1956, à l’occasion de la Nuit de la Médecine, elle se prête à une expérience scientifique assez douteuse, consistant à soumettre un pauvre spectateur à l’une de ses transes sexuelles tandis qu’on surveille sa tension artérielle… qui ne tarde pas à monter à 40 si l’on se fie à ce qu’il en fut rapporté! 

Rita Renoir ne s’interdit rien, en matière de plaisir comme de carrière, elle prend ce qui lui fait envie, féministe avant l’heure. Elle ne renonce même pas au strip-tease lorsqu’elle entame une carrière d’actrice et de comédienne, déclamant Euripide sans hésitation. 

Il en eût fallu moins que cela pour que les artistes et les avant-gardes s’intéressent à ce fascinant personnage. Bernard Buffet notamment, qui la considère comme un véritable génie du strip-tease, fera plusieurs fois son portrait et l’on devine qu’une certaine sauvagerie, que Rita Renoir ne faisait rien pour rejeter et qu’elle accueillait même plutôt volontiers en elle, aura été inspirante pour l’artiste, depuis toujours intéressé au plus haut point par les sciences naturelles et le monde animal.

Ce portait, choisi pour illustrer le programme de la Nuit du Cinéma, en 1963, rend compte de cette fascination toute animale que symbolise Rita Renoir, en lien avec une puissance sexuelle que les sociétés occidentales s’efforcent tant bien que mal de reléguer et dissimuler sous des couches d’apparat que ses numéros faisaient voler en éclat. 

Papillon, oiseau ou autre bête sauvage et indomptable chère à l’artiste, Rita Renoir, avec ses grands yeux félins et sa bouche charnue, son aura mystérieuse, se fige dans les lignes anguleuses de Buffet, ses hachures violentes et définitives. 
Comme une grande prêtresse, ses yeux imposent le respect dans un jeu de domination qui n’a même plus besoin d’afficher son corps tant son nom en impose.