Auguste
CHABAUD

(1882 - 1955)

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Les baigneuses, vers 1911

Huile sur toile, signée en bas à gauche
90 x 118 cm

Expositions : 
Chabaud, Fauve et Expressionniste, Musée Paul Valéry, Sète, 2012, n°94. 
Chabaud, de la terre à la mer, Centre d'Art Sébastien, Saint-Cyr-sur-Mer, 29 juin - 14 septembre 2014.
Auguste Chabaud, L'instinct de vie, Galerie Alexis Pentcheff, Marseille, reproduit au catalogue d'exposition sous le n°5 p.13. 

 

À partir de 1909, la mer sert de toile de fond à une série de compositions. La figure féminine, nue, est traitée au travers du thème des baigneuses. Souvent stylisé et très discrètement suggéré, le flot incarne la fécondité ainsi que Chabaud l'exprime dans l'un de ses poèmes : 

" Ô Femme, sable fin du rivage que j'aime,
En voyant ta beauté claire sous le ciel bleu,
J'ai senti s'émouvoir aux confins de moi-même
Le flux et le reflux de mon coeur orageux. 

Ô Femme à l'horizon, ensorceleuse image, 
Ma rudesse à ta vue le cède au tendre émoi, 
Ton corps est lisse et blanc comme une belle plage 
Et moi, je suis le flot qui vient mourir vers toi."

Malgré la présence des personnages, il se dégage de ce type de compositions une sensation d'isolement et un profond archaïsme. Ces figures féminines, monumentales, primitives, semblent jaillies des flots sur une terre brute, une île lointaine oubliée de la civilisation. 
Telles les sirènes mythologiques, elles semblent attendre qu'accostent sur leur rivage Ulysse et ses compagnons, Jason et les Argonautes. 
Dans sa jeunesse, un temps embarqué comme pilotin sur un cargo, Chabaud avait découvert la puissance onirique de la mer, chargée des légendes de tant de siècles, des espoirs et des craintes de tant de peuples. 
Jusqu'alors, il avait eu pour seul horizon sa montagnette : l'enchantement maritime n'en est que plus intense. Il gardera de très vives impressions de ces traversées, des lointaines contrées entrevues et son oeuvres égrènera longtemps les réminiscences de ce périple de jeunesse. 
L'art de Chabaud, si proche de la vie, lui emprunte son mouvement de perpétuel balancier, entre gravité et légèreté, réflexion et dynamisme, permanence et immédiateté. 
La mer est ainsi, dans des compositions monochromes et monumentales l'immuable force créatrice donnant naissance à Vénus et tout en même temps le petit coin estival de sable chaud que Chabaud aime parfois représenter.