Auguste
CHABAUD

(1882 - 1955)

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Le Tambour-major des tirailleurs, vers 1927

Huile sur carton, signée en bas à droite
107 x 74 cm

Expositions : 
Auguste Chabaud, Cinquante années de peinture, Cercle artistique Volney, Paris, 1952, n°3.
Auguste Chabaud, Impressions Tunisiennes, Musée de Région Auguste Chabaud, Graveson, 1995, reproduit au catalogue d'exposition en p.23.
Auguste Chabaud, Fascination et nostalgie, entre Provence et Tunisie, Musée de Région Auguste Chabaud, Graveson, 2013, reproduit au catalogue d'exposition sous le n°131 en p.45. 

Bibliographie : 
Chabaud, fauve et expressionniste 1900-1914, Maithé Vallès-Bled, Catalogue d'exposition au musée de Sète, 15 juin-28 octobre 2012, reproduit en p.52. 

"Il y a la série des souvenirs d'Afrique. 
Le Tambour-Major des tirailleurs, par exemple. Un visage boucané, synthétique autant qu'un masque nègre, avec sa moustache lyrique, son front sillonné de rides, comme par un soc, son regard effrayant de superbe et de vitalité. L'or des passementeries martiales et l'or du pommeau de la canne. Le bleu, le rouge, le jaune de l'uniforme. La masse du bled avec son fortin blanc et le vert des palmiers, en contrepoids exact avec la masse du personnage principal, gigantesque par l'effet d'antithèse obtenu grâce à l'opposition avec, au second plan, une silhouette mesurée, de soldat. Ça flambe et ça rutile dans la gloire d'une lumière où l'azur du ciel équivaut au lapis-lazuli et le sable au vermeil. Ça dépasse, de toutes parts, l'anecdote et la chose vue, pour atteindre à la grande création plastique, au sommet de l'épique et du symbole."
Maximilien Gauthier
Extrait du livre A. Chabaud, Editions Les Gémeaux, Paris, 1952

Chabaud a gardé de l’enfance une admiration émerveillée pour les costumes et les uniformes . Son oeuvre la traduit continuellement, que ce soit à Paris, en Tunisie ou en Provence. L’apparat militaire le fascine tout particulièrement. C’est d’ailleurs avec l’espoir de porter le costume bigarré du spahi qu’il s’engage dans l’artillerie coloniale. Excluant presque la dimension martiale de ces icônes, Chabaud concentre son attention sur le détail du vêtement, la rutilance des broderies, l’association des couleurs. 

Quant aux spahis et aux zouaves qui passent par Paris, ils prennent du bon temps dans les cafés, les maisons de rendez-vous, au nouveau parc d’attractions de Magic City. Chabaud présente notamment les spahis dans ces instants de délassement, alors qu’ils ont gardé leur tenue, surgissement improbable de la culotte bouffante, du gilet brodé bleu et de la rouge chechia rigide dans la vile moderne occidentale. “Les spahis, ce n’est pas du militarisme, c’est de l’art”. Ainsi entreront-ils au panthéon des figures chères à l’artiste. 

De retour à Graveson, l’artiste trouvera d’autres occasions de s’enthousiasmer pour les costumes. La vie au village, civile ou religieuse, lui fournit des archétypes hauts en couleurs. Arlésiennes, bergers, nonnes et curés  s’invitent sur la toile, 
égrénant ces heures de la vie rurale. 
La course libre et la corrida, traditionnelles de sa région d’origine, fournissent encore à l’artiste le spectacle d’exubérants personnages, dont l’apparence vestimentaire traduit cette fois la passion de la discipline, l’adhésion au culte du taureau, ce culte profane et populaire, codifié comme une liturgie et qui se déroule dans l’arène séculaire.