Auguste
CHABAUD

(1882 - 1955)

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Au Rat Mort, circa 1907

Huile sur carton parqueté, signée en bas à droite.
67.50 x 54 cm

Provenance : 
Collection privée, Sud de la France 

Expositions :
Centenaire Auguste Chabaud, Palais des Papes, Avignon, 1982, n°57.
Auguste Chabaud, Musée des beaux-arts d’Orléans, 1986, reproduit au catalogue d’exposition en p. 53 (n°29).
Le goût chaud de la vie, le sens de la fête chez Auguste Chabaud, Musée de région Auguste Chabaud, Graveson, 2000, n°3. 
Auguste Chabaud, La ville de jour comme de nuit, Paris 1907-1912, Musée Cantini, Marseille, 2003-2004, reproduit au catalogue d’exposition, RMN, p. 158 (n°128).
Chabaud, Fauve et expressionniste, Musée Paul Valéry, Sète, 2012, reproduit au catalogue d’exposition sous la direction de Maïthé Vallès-Bled, Editions au Fil du Temps, p. 107 (n°43).

Bibliographie :
Raymond Charmet, Auguste Chabaud, Bibliothèque des Arts, Paris, 1973, reproduit en p.155 (n°54).
Serge Fauchereau, Auguste Chabaud : époque Fauve, André Dimanche éditeur, Marseille, 2002, reproduit en p.86 sous le n°89.

Certificat d'authenticité établi par Monsieur Patrice Leoni, arrière petit-fils de l'artiste en date du 29 Octobre 2021.

 

Au Rat Mort, un tableau de la “période parisienne” d'Auguste Chabaud

Le titre de cette oeuvre, qui peut sembler surprenant au premier abord, est tiré du nom du cabaret montmartrois que l’artiste représente ici. Le Rat Mort, haut lieu de la vie nocturne parisienne, ce café-restaurant, ouvert toute la nuit sur la place Pigalle, est aussi le lieu de rendez-vous du Paris littéraire et artistique en ce début du XXème siècle, tandis que Montmartre accueille une intense activité picturale. 
C’est évidemment le quartier qu’a choisi le jeune Auguste Chabaud pour s’installer en cette année 1906, tandis qu’il vient de terminer son service militaire. 
Il y restera, par intermittence, jusqu’à la première guerre, alternant les séjours à Paris et dans le Sud de la France. Dans la capitale, il fréquente davantage les maisons de plaisirs que les académies et cultive secrètement cette vie de jeune-homme libre de toute attache, d’artiste libéré de toute doctrine. 

La « période parisienne » de l’artiste est celle que l’on distingue entre ces dates.
Surprenants de modernité, s’ils ne se raccrochent pas vraiment à un courant en particulier, les travaux de Chabaud dans cette période très féconde, constituent des oeuvres d’avant-garde à plus d’un titre. 
Sa vie de noctambule devient le sujet principal d’oeuvres hallucinées, violemment contrastées, peuplées de personnages étranges dont les cadrages accentuent les inquiétantes physionomies.

Ce soir là, au Rat mort, un petit groom tout rouge (fascination de l’uniforme, des costumes chez Chabaud…) est planté à son poste tandis que deux dandys en smocking noir se détachent des murs vermillons lambrissés d’un motif géométrique en vert et or. 
Qu’évoquent-ils ensemble derrière leurs monocles? Les conséquences de l’emprunt Russe, le premier vol de Louis Blériot ou le traité franco-japonais? 
Et qui peut bien être attablé aux côtés du mystérieux homme dont le képi surgit au premier plan comme un diable de sa boite…

Graphique et détonante, cette oeuvre de Chabaud est emblématique de sa production dans les années où le tourbillon des nuits parisiennes l’a pris, poussant l’homme dans les replis de son âme et sa peinture dans des retranchements inédits. 
Fascination et mystère imprègnent ces oeuvres de la période parisienne de l’artiste et un siècle plus tard, il nous semble que les nuits montmartroises de Chabaud n’ont rien perdu de leur sulfureux attrait.