Alfred
LOMBARD

(1884 - 1973)

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Jeune femme de la rue Lauriston, c. 1909-10

Huile sur toile, cachet en bas à droite
116 x 89 cm

Expositions :
Alfred Lombard, Galerie Stammegna, Marseille, 20 avril-7 mai 1999, reproduit en p.20.
Alfred Lombard, Couleur et intimité, Musée Regards de Provence, Marseille, 13 mars - 23 août 2015, reproduit au catalogue d'exposition en p.49.

Bibliographie : 
Alfred Lombard, Giulia Pentcheff, Galerie Alexis Pentcheff, Marseille, 2019, reproduit sous le n°30 en p.174. 


Un tableau intimiste d’Alfred Lombard 

Dès 1907, Alfred Lombard se distingue par une radicalité de la couleur et une approche expérimentale du sujet qui ont rétrospectivement rapproché ses recherches du Fauvisme, inauguré au Salon d’Automne quelques années plus tôt.

Cependant le rôle assigné à la couleur ne va pas chez lui sans coexister avec une autre tendance, qui est sur le point de s’accentuer dans son évolution et l’éloigne du fauvisme pour l’attirer dans les filets d’un courant qui le précède de peu. La dimension décorative commence à percer, héritage des Nabis. 
L’arabesque qui caractérisait ses premières productions refait peu à peu surface. 
Il ne faut certes pas oublier que le mouvement Nabi et le fauvisme, s’ils ne produisent pas les mêmes effets, sont finalement établis sur les mêmes bases, soit une volonté révolutionnaire d’affirmer l’indépendance du tableau par rapport au sujet, méprisant la matière au profit de la ligne et de la couleur dans une expression tout à la fois brute et distanciée, souhaitant désavouer l’impressionnisme.

Cette veine décorative, Lombard y est sensible dès le début de sa carrière, et dans les années 1909-1910, elle prend peu à peu le pas sur les recherches qui l’apparentaient aux Fauves. C’est ainsi que les audaces et l’emballement de la jeunesse quittent peu à peu l’artiste au profit d’une exécution plus raisonnable et rationnelle, de l’avènement dans sa peinture d’un héritage traditionnel. Cette date coïncide aussi avec l’implantation de Lombard dans l’atelier parisien de la rue Lauriston, qui sert de cadre à cette composition.

Une jeune femme est assise sur le coin d’un lit dans la partie gauche du tableau tandis qu’au centre, sur un fond clair uni, lisse et cadré, s’épanouit un imposant bouquet arrangé dans un vase, lui-même posé sur un élément de mobilier qui se détache particulièrement du sol par sa couleur. 
Quel est donc le sujet principal de ce tableau? Nature morte ou figure humaine? 
Lombard semble avoir du mal à choisir, ou plutôt à renoncer… comme s’il souhaitait embrasser toutes les possibilités, honorer toutes ses influences sans trahir ses convictions. 
Cette série de travaux exécutés dans l’intimité de l’atelier de la rue Lauriston n’est pas sans rappeler, par certains aspects, la manière de Bonnard. 

Peu de temps après, il s’attelle à la création de l’un des tableaux les plus importants de sa production, La Terrasse sur le Vieux-Port (dont la version finale est conservée au MuMa du Havre), qui a donné lieu à plusieurs études, plus ou moins abouties, dans lesquelles il poursuit ses aspirations décoratives.